Instabilité de l'environnement économique, pénuries programmées de matières premières, législation fluctuante ou omniprésente, relations sociales et recrutements parfois complexes sont autant de poids qui lestent l'énergie des entrepreneurs.
Après une première vague, ces dernières années, de sensibilisation des entreprises à la Qualité de Vie au Travail (QVT) pour les salariés, le Medef x Supermood ont édité en 2021 un Baromètre de Qualité de Vie du Dirigeant (QVD) sur un échantillon de 1 000 dirigeants.
Parmi les réponses recueillies, on peut observer que :
Seul 1 dirigeant sur 2 arrive à prendre soin de lui/elle en dehors de son entreprise
L'équilibre vie personnelle / professionnelle reste toujours dégradé depuis la crise du Covid-19 (en particulier pour les TPE et les dirigeants de structures de + de 1 000 salariés). La reprise économique va de pair avec une quantité de travail accrue qu'il faut assurer avec des difficultés de recrutement.
Seuls 3 dirigeants sur 5 parviennent à déléguer plus facilement depuis la crise de 2020.
Par ailleurs, la confiance s'est dégradée dans la motivation des équipes (ressenti de lassitude et passage difficile du 100% télétravail à un mode hybride).
Seul 1 dirigeant sur 2 a une bonne qualité de sommeil
en particulier pour les dirigeants des petites entreprises (20-29 salariés) et de + de 1 000 salariés
100% des dirigeants ressentent avoir perdu en proximité avec leurs collaborateurs
Ils ont mis en place pour beaucoup des dispositifs d'accompagnement psychologique pour leurs salariés (de 8% pour les TPE à 69% pour les entreprises de + de 1 000 salariés). Toutefois, ces mesures ont surtout concerné les grandes entreprises, même si on constate une mise en place en progression pour les entreprises de + de 50 salariés.
La quasi totalité des dirigeants n'a pas fait appel à une aide extérieure professionnelle
Et quand la santé morale du dirigeant décroît, 0 % ont fait appel à un centre de prévention professionnel et très peu ont fait appel à leur entourage professionnel (associés, pairs, expert-comptable, banquier,...) donc ont porté seul(e) la charge mentale.
Parmi les recommandations d'une étude auprès des différents acteurs de l'écosystème des dirigeants :
Accepter de déléguer et lâcher-prise.
Accepter que l’on ne peut pas tout contrôler et tout faire seul.
Rechercher des opportunités pour déléguer ou pour collaborer
afin d’alléger la charge mentale.
Ne pas chercher à être sur tous les fronts tout le temps.
L'incubateur des femmes dans la tech WILLA, - qui a contribué à coacher notre fondatrice Loreleï Jacob -, a réalisé en partenariat avec Harmonie Mutuelle et l’institut de sondages CSA, en novembre 2024 une étude inédite, présentant un constat alarmant sur la santé mentale des entrepreneurs en France.
Alors qu’environ 25 000 startups sont créées chaque année, cette enquête révèle que la charge mentale et le risque de burn out sont devenus des problématiques majeures pour les fondateurs d’entreprise, en particulier chez les femmes.
La charge mentale : ennemie invisible mais omniprésente
Selon l’étude, 72 % des fondateurs d’entreprises qualifient leur état physique et/ou mental de « mauvais », une proportion qui grimpe à 75 % chez les femmes, contre 64 % chez les hommes. Cette disparité met en lumière une vulnérabilité accrue parmi les entrepreneuses, qui doivent composer avec des défis spécifiques et cumulatifs.
Les principaux facteurs de pression cités par les entrepreneurs incluent la recherche de clients (33 %), la charge de travail (20 %), et la difficulté à articuler vie professionnelle et vie personnelle, un enjeu particulièrement ressenti par les femmes.
61 % des entrepreneurs interrogés jugent leur charge mentale élevée et près de 72 % affirment que cette charge mentale s’est amplifiée depuis la création de leur entreprise.
Un risque de burn out bien réel pour 4 entrepreneurs sur 10
D’après la méthode de Maslach utilisée dans cette étude, 38 % des entrepreneurs présentent un risque modéré ou élevé de burn out. Pire encore, un tiers des entrepreneurs ont déjà traversé un burn out : 42% des femmes déclarent en avoir fait un contre 28% chez les hommes. Et 6 % des répondants sont actuellement en situation de burn out.
Un accompagnement encore trop faible, malgré des besoins croissants
Malgré ces constats inquiétants, 65 % des entrepreneurs reconnaissent ne jamais s’être informés sur la santé mentale. Ceux qui le font se tournent majoritairement vers des solutions informelles telles que la prise de conseils auprès d’autres entrepreneurs (35 %) ou la lecture de livres sur le développement personnel (35 %), laissant de côté l’accompagnement professionnel.
Pourtant, les entrepreneurs sont en demande d’accompagnement structuré : 37 % recherchent du coaching et 29 % souhaitent une prise en charge des coûts liés à un suivi psychologique.
Des recommandations concrètes pour l’écosystème entrepreneurial
Face à ces constats, l’étude appelle à une mobilisation des acteurs de l’écosystème pour soutenir la santé mentale des entrepreneurs. Il est crucial de construire un environnement où les entrepreneurs peuvent trouver un équilibre entre réussite économique et bien-être personnel, pour une croissance durable et humaine.
"Il faut comprendre que ta to-do list ne sera jamais terminée le soir. Tu auras beau travailler plus, il y aura toujours des tâches que tu n'auras pas faites. Il faut l’accepter. C’est le plus dur quand tu es entrepreneur : accepter que c’est davantage l'horaire qui détermine le moment où tu dois t’arrêter, et non pas ta to-do list. Parce qu'elle est énorme et qu’elle ne se réduira jamais, tu pourras faire toujours plus, toujours mieux. J'ai beaucoup travaillé sur ce lâcher-prise".
La santé mentale, telle que définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est un "état de bien-être dans lequel une personne réalise son propre potentiel, peut faire face aux tensions normales de la vie, peut travailler de manière productive et fructueuse, et est en mesure d'apporter une contribution à sa communauté". Ce qui est intéressant dans cette définition, c'est qu'elle englobe la personne dans ses différentes dimensions : personnelle, professionnelle et sociale. Elle propose également un futur désirable, plutôt que de se focaliser uniquement sur les troubles mentaux.
La quasi-totalité des entrepreneurs interrogés (88 %) affirment s'être déjà sentis émotionnellement vidés par leur travail au cours de l’année écoulée, et un quart d'entre eux le ressent même une fois par semaine. Le sentiment d'épuisement ne se limite pas aux soirées après une longue journée de travail : 84 % des entrepreneurs déclarent se sentir fatigués dès le matin en pensant à la journée à affronter, un quart d'entre eux éprouvant ce sentiment chaque semaine. 79 % des répondants estiment travailler “trop dur”.
Les signes de surmenage sont clairs : 2/3 des entrepreneurs affirment se sentir régulièrement "au bout du rouleau".
Une même proportion (66 %) sent qu'ils vont "craquer à cause du travail" au cours de l’année, proportion accentuée chez les femmes (72 % des femmes, vs 46 % des hommes). Ces chiffres démontrent une souffrance généralisée et la difficulté pour beaucoup de maintenir un équilibre sain face à la pression constante qu'ils subissent.
Les entrepreneurs doivent constamment maintenir un niveau élevé d'engagement et de motivation, car leur propre état de santé impacte directement la stabilité et la compétitivité de leur entreprise. Or, cette obligation d’évoluer à rythme constant est une source d’épuisement sur le long terme. À cela s’ajoute l’indispensable capacité à encaisser les coups durs et à gérer les problèmes inhérents à toute entreprise.
3 femmes sur 4 sentent qu’elles vont craquer plusieurs fois au cours de l’année à cause de leur travail, alors que les hommes sont moins de la moitié à être dans ce cas.
Méthode de Maslach
La méthode de Maslach fait référence au Maslach Burnout Inventory (MBI), un instrument psychologique développé par la psychologue Christina Maslach. Il s'agit d'un questionnaire conçu pour mesurer le syndrome de burn out, un état de stress chronique lié au travail, caractérisé par trois dimensions principales : épuisement émotionnel, dépersonnalisation et réduction de l’accomplissement personnel. La méthode de Maslach est importante car elle permet d'évaluer de manière standardisée le niveau de burn out d'une personne. Grâce à cette évaluation, il est possible d'identifier les personnes qui sont à risque de développer un burn out et de mettre en place des mesures de prévention ou de soutien adaptées.
Malgré cette situation alarmante, 65 % des entrepreneurs interrogés avouent ne s'être jamais informés sur la question de la charge mentale. Cela révèle un décalage inquiétant entre la gravité des symptômes ressentis et la recherche active de solutions. Ceux qui s'efforcent de s'intéresser à leur santé mentale préfèrent souvent des démarches informelles, telles que la "prise de conseils auprès d'autres entrepreneurs" (35 %) ou la "lecture de livres sur le développement personnel" (35 %).
Cette hiérarchie dans les ressources mobilisées montre que, pour beaucoup d'entrepreneurs, la santé mentale est abordée de manière assez superficielle, comme un sujet secondaire qu'il est difficile d'intégrer réellement dans leur quotidien. En d'autres termes, le sujet ne semble pas être pris au sérieux dans la mesure où les solutions concrètes, professionnelles et médicales ne sont pas considérées comme des priorités.
Cette situation est largement influencée par la culture entrepreneuriale elle-même,
qui valorise la résilience et la surcharge de travail comme des éléments indispensables de la réussite.
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